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Harcèlement

"Personne ne sait combien peut durer une seconde de souffrance."  (Graham Greene)

 

1. Selon le législateur Belge : 

"On appelle harcèlement moral au travail les conduites abusives et répétées de toute origine, externes ou internes à l’entreprise ou l’institution, qui se produisent pendant un certain temps et qui se manifestent notamment par des comportements, des paroles, des intimidations, des actes, des gestes et des écrits unilatéraux, ayant pour objet ou pour effet de porter atteinte à la personnalité, la dignité ou l’intégrité physique et psychique de la personne lors de l’exécution du travail, de mettre en péril son emploi ou de créer un environnement intimidant, hostile, dégradant, humiliant ou offensant. »

Le harcèlement est un processus insidieux caractérisé par des comportements, des remarques, des attitudes qui, pris isolément sont anecdotiques, mais qui humilient la personne dans un goutte-à-goutte emprunt d’une cruauté indicible."

 

Plusieurs critères doivent être rencontrés pour qu’un comportement soit reconnu comme un fait de harcèlement :

  • les comportements doivent être abusifs 
    Par abusifs, on entend des actes négatifs, répréhensibles, destructifs (tant verbaux que non verbaux), commis de manière blessante, hostile envers une personne qui est ainsi poussée dans une position impuissante et vulnérable et qui y est maintenue par des actes récurrents. 

  • les agissements doivent être répétés 
    Le harcèlement moral est décrit comme un processus de destruction insidieuse d’une personne par des agressions répétées contre sa dignité pendant une longue période. 

  • les comportements entraînent des dommages et ne doivent pas être nécessairement intentionnels 
    Les retombées du harcèlement moral sur le plan physique et psychologique peuvent être désastreuses (cfr. Les conséquences du harcèlement). 
     

2. De manière plus large 

Plusieurs agissements nuisibles ont été répertoriés par Henz Leymann dans son ouvrage pionnier :

  • Empêcher la victime de s’exprimer

  • Isoler la victime

  • Déconsidérer la victime auprès de ses collègues

  • Discréditer la victime dans son travail,

  • Compromettre la santé de la victime
     

Cette usure insidieuse et répétée peut revêtir plusieurs masques. Il peut être individuel et est alors pratiqué dans le but purement gratuit de destruction d’autrui et de valorisation de son propre pouvoir. Le harcèlement stratégique, lui, vise à se débarrasser à moindre frais des salariés considérés comme gênants. Lorsqu’il apparaît attaché à des formes d’organisation du travail tel que fixer des objectifs inatteignables, on parle de harcèlement institutionnel. Il est important de noter que tout un chacun peut être ou devenir harceleur ou harcelé, même si certaines caractéristiques en facilitent l’accès. En effet, dans l’entreprise moderne tout le monde est sous tension. Chacun subit et exerce dès lors des pressions.

Ce vécu usant, répété, angoissant entraîne une série de conséquences pour la personne qui le vit et le subit :

  • Le syndrome d’inhibition : la victime abandonne toute velléité de se défendre face à l’agression.

  • Le syndrome de stress post-traumatique moral assimilable au stress post-traumatique traditionnel notamment au travers des reviviscences et des processus d’évitement.

  • Des décompensations dépressives ou psychotiques de type paranoïde. Le harcèlement peut provoquer un état de stress chronique, avec de nombreuses conséquences négatives sur l’organisme.
     

3. Exemple 

"Monsieur Y. exerce depuis quatre ans dans une fonction qui ne lui plaît plus. Il a à de nombreuses reprises émis la demande d’être déplacé. On oublie souvent de lui envoyer les mails pour les réunions. On lui fait souvent remarquer de nombreux manquements dans son travail qui sont le plus souvent la résultante d’un matériel défaillant mis à sa disposition. On l’a placé dans un bureau à l’écart de petite taille et sans fenêtre. Ses collègues ne viennent que très rarement le voir et lorsque c’est le cas il les reçoit avec inquiétude, il se méfie de tout le monde. Il évite de plus en plus de se rendre à la cantine par crainte de croiser certains chefs. Le matin doit se "faire violence" pour quitter son lit, cloué par une chape de plomb d’inquiétude. Le soir, les paroles de la journée le travaillent et le rongent. La nuit, il se réveille en sueur chamboulé dans un champ de bataille de couette et d’oreillers. Il n’a plus très envie de jouer au badminton car l’énergie lui manque, plusieurs de ses amis ont renoncé à l’appeler après plusieurs tentatives infructueuses.
Il est aspiré petit à petit dans un amoindrissement de ses perspectives, dans une vision négative de lui-même et une appréhension hostile du monde qui l’entoure."

 

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